Expressions politiques
Mars 2024
Boris Ravignon – Maire de Charleville-Mézières
Le nerf de la guerre
Même si le sujet peut paraître rébarbatif, il ne me paraît pas inutile de faire un point sur l’état des finances municipales, en commençant par un rappel : depuis 2020, les collectivités locales traversent une série de crises. Cela vaut pour toutes les communes, a fortiori celles qui, comme la nôtre, font partie des moins fortunées. N’oublions pas que Charleville-Mézières constitue la deuxième ville la plus pauvre des Ardennes, département qui lui-même…
Cette mauvaise passe a débuté avec la crise sanitaire due au covid. Durant cette pandémie, notre ville s’est montrée particulièrement active. Nous avons ainsi fait partie des premières collectivités de France à fabriquer puis distribuer gratuitement des masques, à l’époque où l’on n’en trouvait pas en pharmacie. Nous avons également suppléé l’État en organisant à nos frais des campagnes de vaccination ou de test Des efforts nécessaires, voire salutaires, mais coûteux. D’autant que dans le même temps, de nombreuses recettes disparaissaient pour cause de confinement (stationnement, entrées dans les musées, droits de place sur les marchés…).
Deuxième épisode fâcheux, l’inflation. Vous l’avez également subie et vous savez donc qu’elle a touché indistinctement tous les produits, toutes les fournitures. Et la Ville n’a pas été épargnée. Le troisième coup de rabot a concerné l’énergie, qu’il s’agisse du gaz ou de l’électricité, avec des tarifs multipliés par quatre. Or contrairement aux particuliers, les collectivités locales n’ont pas été protégées par le bouclier fiscal mis en place par l’État et ont donc vu leur facture énergétique quadrupler.
Face à ces vents contraires, nous avons pourtant tenu bon et continuons à le faire. En réduisant autant que possible nos dépenses de fonctionnement, nous sommes parvenus à maintenir une capacité d’investissement conséquente, 20,5 millions cette année, soit 1 million de plus que l’an dernier. Le tout sans toucher au levier fiscal ou aux tarifs de stationnement : la somme respectable qui sera dépensée cette année pour poursuivre le redressement de notre ville ne viendra pas de la poche des contribuables locaux, elle découlera simplement des économies réalisées dans notre gestion quotidienne. C’est le nerf de la guerre, mais tant que je serai maire, il ne sera jamais douloureux pour les Carolomacériens.
Sylvain Dalla Rosa – Pour la liste « une ville pour tous »
Un budget qui tourne le dos au service public
Le budget 2024 de la ville de Charleville-Mézières est placé sous le signe des contraintes financières multiples qui frappent les collectivités. Comme nos concitoyens les collectivités sont confrontées à une inflation qui gréve les dépenses publiques. Concernant les impôts, la revalorisation des bases, décidée par l’État, et qui servent au calcul de la fiscalité locale sont en augmentation de 4%. Ce sont les carolomacériens qui vont devoir supporter cette évolution. Malgré cet effort fiscal cela ne suffira pas à combler les pertes financières. A titre d’exemple la hausse des frais d’assurance pour la ville vont subir en 2024 une hausse de 25%. Cela alors que le niveau des dotations financières n’augmente pas dans les mêmes proportions.
Dans cette situation il convient de prioriser la sauvegarde du service public. Malheureusement ce n’est pas le cas ni l’orientation qui est prise par la majorité de droite pour le budget 2024. Ainsi, la masse salariale est quasiment au même niveau que 2023 soit 39 millions d’euros. Compte tenu de la hausse légitime des salaires l’équilibre ne peut se maintenir qu’avec un non remplacement des salariés qui quittent la collectivité, retraités ou mutations. C’est le service public qui est pénalisé. A titre d’exemple on peut citer la fermeture de l’accueil au service de l’état civil place du théâtre, obligeant les habitants à se rendre à l’Hôtel de ville.
L’emprunt que contracte notre collectivité, pour faire face à ses besoins, n’a jamais été aussi haut. Il est prévu de le porter à 13,6 millions d’euros. Conscient de l’appauvrissement de la commune le maire déclare que ce chiffre ne correspond pas à l’emprunt réellement contracté. Par quel tour de « passe passe » compte t-il obtenir ce résultat. Enfin l’encours de la dette est toujours aussi haut à 83 millions d’euros. Concernant l’investissement rien de bien neuf n’est programmé. Ce sont toutes ces raisons qui ont conduit l’opposition municipale à voter contre ce budget 2024
Christophe Dumont pour la liste « écologiste et citoyenne »
Une nouvelle augmentation du prix de l’eau à l’ aveugle
Après une première augmentation de 13 % en 2023, c’est de 5 % que votre facture d’eau et d’assainissement va croître pour 2024, ce sont donc 89 euros de plus, en moyenne que chaque foyer carolomacérien devra acquitter par rapport à 2022, pour se procurer ce bien commun.
En décidant d’augmenter la facture brutalement,aveuglément, pour tous de la même manière, sans tenir compte des revenus ni du niveau de consommation, la communauté d’agglomération a à nouveau raté le coche
De nombreuse communes et agglomérations en France ont décidé d’établir un tarif progressif pour les premiers mètres cube d’eau consommés, dite eau vitale, quasi-gratuits, les mètres cube suivants, dite eau utile, et l’eau de confort consommée ensuite ; tant Il est écologiquement et socialement absurde de faire payer au même prix l’eau destinée à boire et se nourrir, celle pour laver sa voiture, et celle destinée à remplir sa piscine.
De même la partie fixe de la facture, appelée abonnement, ; pèse plus lourd en proportion du total pour les moins fortunés ou les faibles consommateurs, de nombreuses collectivités ont décidé d’exonérer partiellement ou totalement les titulaires de la Couverture Maladie Universelle du prix de cet abonnement car pour un million de français le prix de l’eau représente plus de 3 % des dépenses du ménage.
Arras, Bordeaux, Dunkerque, Libourne, Montpellier, Niort ou encore Rouen ont mis en place cette tarification progressive.
Alors que même le Président de la République imaginait la généralisation de cette mesure de tarification progressive il y a un an lors de la présentation de son plan eau, Ardenne-Métropole sera-t-elle la dernière à mettre en place cette mesure de justice que nous lui suggérons depuis maintenant 10 ans ?
En refusant obstinément, année après année, d’instaurer une tarification progressive, tant pour l’eau que pour les cantines scolaires, la ville et l’agglomération qui se targuent de ne pas augmenter les impôts locaux choisissent en réalité de taxer lourdement les plus pauvres, c’est d’autant plus dommage dans une commune qui compte 30 % de pauvres selon les derniers chiffres publiés par l’INSEE.