Expressions politiques
Octobre 2025
Boris Ravignon – Maire de Charleville-Mézières
Comment réveiller les marchands de sommeil
Il y a quelques semaines, notre conseil municipal a adopté une délibération qui concerne ce qu’on appelle « le permis de louer ». C’est-à-dire la possibilité donnée à la Ville d’interdire au propriétaire d’un appartement de proposer ce dernier à la location si l’appartement en question ne respecte pas certaines normes basiques en matière d’électricité, de mode de chauffage, de ventilation…
Pourquoi une telle restriction ? Parce qu’une petite minorité de propriétaires louent en toute conscience des logements totalement insalubres, sans aucun respect pour les normes en vigueur et encore moins pour leurs locataires. On les appelle des marchands de sommeil. Une expression qui, pour reprendre la définition qu’en donne Wikipedia, désigne « un bailleur qui réalise un profit anormal en fournissant un hébergement dans des conditions indécentes en abusant de la faiblesse des occupants. » Et malheureusement, il en existe à Charleville-Mézières. Or ce n’est pas en fermant les yeux que nous réglerons ce problème.
« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire », affirmait avec raison Jean Jaurès. C’est exactement ce que nous faisons désormais en plaçant face à leurs responsabilités les initiateurs de ces procédés inacceptables. D’autant que sur place, les procédés en question se traduisent souvent par des pratiques illégales, qu’il s’agisse de trafic de stupéfiants ou de prostitution. Nous avons donc décidé d’agir en frappant ces marchands de sommeil au portefeuille.
En matière de logement, depuis des années, nos collectivités incitent les propriétaires à effectuer des travaux de rénovation, en leur proposant tout simplement de partager la facture. Nous considérons en effet que le fait de proposer à un nouvel arrivant un parc immobilier locatif de qualité fait partie des facteurs indispensables si nous voulons poursuivre l’amélioration de l’attractivité de notre territoire. Mais visiblement, un petit nombre de propriétaires préfèrent passer outre et continuer à mettre sur le marché des taudis indignes.
Ces fauteurs de troubles vont donc désormais devoir respecter la loi, et ce faisant leurs locataires. Et si, sentant le vent tourner, ils choisissent de quitter notre ville pour tenter leur chance ailleurs, grand bien leur fasse !
Sylvain Dalla Rosa – Pour la liste « une ville pour tous »
Droits des femmes un long chemin
C’est le 21 octobre 1945, il y a 80 ans, que le droit des femmes fait un bon qui les années suivantes sera suivi d’autres décisions qui vont dans le sens de l’égalité Hommes/Femmes. Ce 21 octobre les Françaises votent pour la 1ére fois dans une élection politique. Ce scrutin porte sur les élections législatives de l’après guerre. Ce qui est également inédit c’est l’éligibilité de Femmes à l’Assemblée Nationale. Sur les 586 sièges du parlement 33 sont emportés par des Femmes. Encore loin de la parité. Parmi elles la communiste Madeleine Braun qui deviendra vice-présidente de l’Assemblée en 1946.
Dans notre département c’est la communiste Yvonne Dauby qui deviendra la première femme maire. Elle est élue 1ére magistrate de Mohon qui à l’époque était indépendante avant la fusion de 1966. Au sortir de la 2éme guerre mondiale les partis politiques montrent leur volonté d’honorer celles qui se sont engagées dans la Résistance. Ce qui est le cas d’Yvonne qui pendant toute la guerre fut agent de liaison. Née le 1er mai 1917 à Romilly-sur-Seine, décédée le 5 février 2011 à Charleville-Mézières; institutrice, puis professeur de collège ; syndicaliste, dirigeante de la section des Ardennes du SNI (1944–1948) ; militante communiste et résistante FTPF, membre du bureau fédéral des Ardennes du PCF (1945–1948) ; maire de Mohon de 1945 à 1947.
Christophe Dumont pour la liste « écologiste et citoyenne »
Ca ne tient plus !
Pour des villes garantes et protectrices des libertés associatives.
La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société.
Les associations sont des piliers essentiels de notre société, de notre quotidien, aujourd’hui elles sont en danger. Soutenons les pour qu’elles puissent continuer à faire tenir notre société. Les associations ce sont en France 20 millions de bénévoles et 1,8 millions de salariés. Sous le mot d’ordre « ça ne tient plus » elles ont manifesté le 11 octobre, partout en France. Les associations sont les forces vitales de notre démocratie locale. Dans chaque quartier, elles tissent des liens et créent des solidarités. Filet de sécurité pour les plus fragiles, espace d’émancipation, de création, de loisirs, de débat : les associations sont à la fois refuge et tremplin. Elles tissent des liens, raccommodent ce que la vie déchire et brodent de nouvelles solidarités.
S’attaquer aux associations ce n’est pas seulement s’attaquer à notre démocratie : c’est rompre des liens humains essentiels. Car derrière chaque subvention coupée, chaque local fermé, chaque procédure administrative complexifiée, ce sont des liens humains qui se défont, des solidarités qui disparaissent et notre vivre-ensemble qui est menacé.
Ces associations sont aujourd’hui fragilisées par un contexte budgétaire, administratif national hostile à leurs actions : coupe de subventions, présomption de culpabilité instaurée via le contrat d’engagement républicain, injonctions à une prétendue neutralité, logique de marchandisation plutôt que de non-lucrativité, fragilisation des modes de financement… Différents rapports le montrent : ces dernières années, le lien qui unit les associations aux autorités publiques a changé. Auparavant partenaires de l’action publique, les associations sont devenues des prestataires. De force de propositions, elles deviennent délégataires. De contre-pouvoir, elles s’autocensurent. La ville de Charleville-Mézières a réduit durant ce mandat d’une manière drastique les subventions aux associations (-10% en moyenne en 2023), mettant en difficulté certaines d’entre elles, on se rappelle la Maison de la Culture et des Loisirs Ma Bohème qui, victime d’une baisse de près de 20% de sa subvention dut se passer longtemps de directrice alors qu’elle organise plus de 100 activités pour de très nombreux adhérents…
Les prochaines élections municipales seront donc cruciales pour le monde associatif. La vitalité du monde associatif n’est pas seulement un indicateur démocratique, elle constitue le socle même d’un projet municipal qui prend soin de ses habitantes et habitants. Les associations incarnent une démocratie continue, indispensable à la démocratie représentative. Être élu·e, c’est écouter, rencontrer, partager et construire des solutions avec celles et ceux qui connaissent le terrain. Les associations, en première ligne pour comprendre la société et la complexité des problématiques locales, sont des partenaires essentiels des politiques publiques.
Défendre les associations, c’est aussi leur donner les moyens d’agir. C’est pourquoi il est primordial de permettre aux associations non seulement de monter des projets, mais aussi de fonctionner : garantir leur autonomie, défendre le droit de réunion, ouvrir des lieux, faciliter l’accès aux salles municipales.
Garantir la liberté associative, c’est garantir la liberté d’expression et d’action collective. Les villes écologistes doivent être des refuges pour ces libertés et incarner une vision d’émancipation, de coopération et de justice sociale. Soutenir les associations, c’est soutenir notre démocratie et prendre soin du vivre-ensemble.