Yôkaï : quand la magie nouvelle rencontre la marionnette
Le
Année de Festival mondial des théâtres de marionnettes oblige, le Carolo mag a décidé de mettre un coup de projecteur sur Yôkaï, une compagnie de marionnette et de magie nouvelle créée par Violaine Fimbel dès sa sortie de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam) en 2014. Entretien.
Découverte sport hiver : les inscriptions sont ouvertes !
Qui est Yôkai ?
La Compagnie Yôkaï est une compagnie de marionnette et magie
nouvelle, que j’ai créée à ma sortie de l’Esnam, en 2014. J’ai choisi le
terme japonais « Yôkaï » car il désigne une créature fantastique… Mais
son sens est bien plus large, plus ouvert, et peut aussi vouloir dire «
phénomène surnaturel », ou encore « tout ce qui n’est pas humain » ; deux
thèmes fondateurs de l’identité artistique de la compagnie,
traversant profondément chacune de mes créations, et intimement liés au
magique et au marionnettique .
Quel est le lien entre Charleville-Mézières et la compagnie ?
J’habitais déjà depuis 2009 à Charleville-Mézières avant d’entrer à l’Esnam,
j’y suis restée à la fin de l’école, puis y ai installé mon
atelier-laboratoire, l’Animaginarium, situé au 4 et 6 rue Pierre Gillet.
Toutes mes créations (6 en tout) ont été présentées au Festival Mondial
des Théâtres de Marionnettes, ce qui fait de cet événement un partenaire
privilégié de la compagnie. Nous nous sommes également rendus au Japon
en 2016, à Iida, une des villes jumelées à Charleville-Mézières, pour y jouer Volatil(e)s,
le premier spectacle de la compagnie. Je suis très attachée,
artistiquement et sentimentalement à cette ville, depuis
maintenant plusieurs années, et j’ai plaisir à participer, à mon échelle,
à ce qui fait l’identité si unique et précieuse de notre capitale mondiale
de la marionnette !
Que réservez-vous dans les prochains mois aux Carolomacériens ? Auront-ils la chance de voir votre travail dans la cité de Gonzague ?
L’année 2023 sera l’occasion de
deux temps forts de présentation de notre travail. Nous rouvrirons d’une
part les brèches magiques de l’Animaginarium, laboratoire-fabrique de
la compagnie, en juillet et en septembre 2023. Nous présenterons d’autre
part notre prochaine création Nature Morte / Still Life en
septembre 2023 au Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes.
Attendez-vous à des rencontres avec des créatures et phénomènes
surprenants … !
Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’Animaginarium ?
L’Animaginarium c’est un mot inventé, un mot valise, qui mélange
l’anima (l’âme, le souffle de vie, terme cher à nombre de
marionnettistes), avec l’animal, l’imaginaire, mais aussi avec le
vivarium/l’aquarium ; ce qui normalement reste caché mais que l’on peut
apercevoir derrière une paroi vitrée en témoin privilégié… C’était l’envie
principale pour ce concept ; utiliser les grandes vitrines de ce qui était
auparavant un magasin de musique pour un partage marionnettico-magique de
nos « coulisses », à voir depuis la rue, au cœur de Charleville-Mézières,
… ! Nous souhaitions partager d’une façon directe et visuelle les
fragments de recherche de notre programme Réveil Invisible,
autour de l’animation de créatures autonomes, sous forme d’un laboratoire
onirique et ludique… Ces « fenêtres-making off » se veulent le témoin des
avancées de la recherche que nous menons dans le domaine de l’animation
invisible, en allant creuser du côté des effets spéciaux au cinéma.
Vous vous êtes récemment rendus aux Etats-Unis dans le but d’enrichir vos recherches pour vos futures créations, quelles rencontres marquantes avez-vous faites ?
Le but de ce voyage était d’étudier les opportunités et
freins du retour au plateau de certains effets spéciaux-outils créés
initialement au théâtre mais pour la plupart abandonnés, pour être repris et
développés au cinéma. Nous avons échangé à New York et Los Angeles avec
des personnalités de mondes variés : marionnettistes pour le cinéma et la
télévision, créateurs d’effets spéciaux, sculpteurs pour le
cinéma, creature et animatronic supervisors, taxidermistes, … L’échange le
plus marquant pour nous a été celui avec Peter Brooke et John Criswell, du
célèbre Jim Henson’s Creature Shop à Los Angeles. Les outils qu’ils
ont développés depuis plusieurs décennies dans le domaine des
animatroniques et les échanges sur nos innovations respectives ont marqué
durablement la trajectoire de notre recherche.
Vous avez été accueilli en résidence au Forum suite à votre voyage, qu’y
avez-vous fait ?
Nous y avons testé plusieurs principes inédits qui seront dans le prochain
spectacle Nature Morte / Still Life. Ils ont été à la fois
nourris par ce voyage de recherche et par des explorations antérieures, au
croisement de techniques archaïques et des nouvelles technologies. Ces
expérimentations menées entre le Forum et l’Animaginarium en
octobre dernier ont été très précieuses pour l’écriture du spectacle.
Autre chose à ajouter ?
Hâte de partager avec le public tout ce qui a été évoqué, que 2023 soit donc
remplie de (bonnes) surprises, sous le signe de la marionnette et de la
magie !